BASA

ACADEMIE SAINT ANSELME 27 Ceux qui font fi, de notrè langue ancestrale, plus par esprit systématique que par conviction, deviendront un jour, g râce à cette génération d'élite les laudatores temporis acti. M. Bréan rap– pelait la levée sacerdotale d'antan, levée typique d'hommes visant droit au bien, sans trop s'inquiéter ni de la forme ni de la pose. Cette vie tranchée à 43 ans, si l'on envisageait uniquement ce bas monde, pourrait nous faire penser à une existence manquée, mais quand on laisse derrière soi un si riche héritage de regrets, un exemple si fascinateur de patriotisme valdôtain, le levain d'un /er– ment si salutaire aux âmes, on peut croire qu'on n'a pas vécu en vain et la Providerue - c'est notre doux espoir -- saura su– sciter d'autres âmes sœurs qui agiteront ce flambeau éteint si im– pruvisément par la mort et qui ne demande qu'à se rallumer. Après ce discours du Secrétaire, M. l'abbé César Gérard, rec– teur de Cogne, nous fait une intéressante analyse des ouvrage~ de M. le Chan. Edouard, Curé-archiprêtre de Valgrisenche, que la mort vient de nous ravir aussi. M. le Chan. Bérard avait la passion des livres; plus qu'un biblwmane, il était un bibliophile intelligent et bûchenr. Ne s'ab– sentant jamais de sa paroisse, hormis lorsque les devoirs du mi– nistère l'exigeait, toutt s les journées il les passait à dévorer les chefs d'œuvre de la littérature française et italienne, à les lire, à les relire, à les analyser à en prendre des notes. Il aurait pu dire comme son homonyme, M. le Chan. Bérard Edouard de la Cathé. drale, dont il a si bien retracé la vie et les œuvres: « Durant ma vie, je n'ai rien eu de plus précieux que mes livres >> . Il savait surtout lire, s'assimiler la pensée de l'auteur au point de s'en emmasiner bien la tête. Un des jours n~fastes de la guerre fratricide, après que les séides du fascisme avaient fait de la pagale, mis sens dessus des– sous dans sa cure, il eut _comme un soupir de soulagement quand il aperçut que sa bibliothèque était demeurée intacte ! « Dieu soit béni, s'écria-t-il, on m'a laissé la vie et ma bibliothèque! »

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