BASA

32 ACADEMIE SAINT ANSELME pace de 40 ans, fournit à lui seul un bon quart de la produc– tion du « Messager » . Une foule d'autres y apportèrent leur contingent de contes, de légendes, de consei:ls agricoles etc. M. Carret nous fait remarquer que le « Messager » a suivi, pendant ses huit lustres, les viciss i· tudes joyeuses et sombres de notre vie régionale. Pendant 20 ans, il nous apporta le doux langage de nos ancêtres; en 1932.34, la langue italienne commença à s'y implanter mais sans évincer en– core l'idiome maternel; en 1939, celui-ci en est complètement ban– ni et « Le Messager Valdôtain » devint « Il Messaggero Valdostano ». Le but de cet almanach était pourtant de ne pas laisser obli– térer chez nous le cachet valdôtain, mais la dictature fasciste finit par donner le coup de grâce à cette langue que le régime libéral, néfaste à plus d'un point de vue, avait déjà si p erfidement traquée. Aussi n'est ce pas sans un serrement de cœur, avoue M. l'abbé P. Gorret, que sur les rives étrangères de la lointaine Amérique, il vit, après un certain nombre d'années, l'almanach transformé dans sa physionomie et son langage. Il ne se fit point faute d'écri– re à l'omnipotent Mussolini le suppliant d'avoir quelques égards pour les caractères ethniques et surtout la langue millénaire d'un peuple qui avait donné des preuves éclatantes d'un . patriotisme indéfectible. Mais bernique... ! L'odieux satrape fit la sourde oreille. En Italie, le patriotisme s'est toujours confondu avec le natio– nalisme le plus insensé, le plus incorrigible. Comment a-t-on fait notre éducation à l'école? On n'a fait que bourrer nos têtes avec ce mot « patria, patria », qui n'était plus la terre où nous étions nés, oil dorment nos ancêtres, mais le Piémont, la Lombardie, la Sici– le. A ce nom fatidique de patrie on mêlait le souvenir des guerres et des batailles combattues, des victoires remportées, des gloires conquises à travers les temps, des sacripans dont on faisait des mythes. On ne nous parlait ni de la vie de nos aïeux, ni de leurs