BASA

ÀCADEMIE SAINT ANSELMÈ travaux, ni de leur organisation. Et au dessus de ces bruits d'ar– mes et de morts, on faisait planer un nom radieux: l'Italie, la Patria. Quant à la Vallée d'Aoste, elle n'était à leurs yeux qu'un pays à exploiter, une Béotie. Ainsi, on cultivait dans notre âme l'amour et la haine. L'amour de la patrie engendrait la haine des autres patries. Et le patrio– tisme consistait à immoler sur les champs de bataille des milliers et des millions de concitoyens pour combattre, abattre, écraser, anéantir les autres patries. Cela s'est vu renouveler il y à peine quelque dix ans. Ce n'étaient pas les vies humaines qui comptaient mais les patries des autres. Les patriotards qui viennent nous par– ler ainsi de la patrie, sont de farouches centralisateurs et d'indi– gnes exploiteurs. Au nom de la Patrie, à nous Valdôtains, on a cherché à tout enlever. Chose incroyable! Même la lansue. M. l'Abbé Gorret déplore amèrement et avec raison qu'un al– manach créé « et publié par des valdôtains pour les valdôtains et qui devrait dans son ensemble être un petit poème de l'âme val– dôtaine ait perdu son cachet initial » et il fait justement observer que suivre son temps ne veut pas signifier faire table rase de tout ce qu'il y a de bon dans le passé de la petite patrie, qui après tout est notre première patrie, et, que certaines adaptations sont tout simplement des lâchetés sans excuses. Les progrès modernes ne produiront des fruits bienfaisants qu'à la condition qu'on n'ou– blie pas ceux qui les ont préparés. D'ailleurs renier sa langue ne peut être qu'un progrès à rebours. Voilà pourquoi le rapporteur s'écrie au sujet de notre langue, en paraphrasant à l'instar de Bossuet à l'égard de la Sainte Eglise romaine, les versets 5, 6 du ps. !36 : « 0 ma douce langue maternelle, que mon bras se dessèche, que ma langue s'attache à mon palais, si jamais je t'oublie ». Une triple salve d'applaudis– sements salua la fin de ce magnifique discours. M. le Colonel Bérard dans ses écrans nous a étalé les vastes étendues de terrains, il y a peu de temps encore incultes et main-

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