BASA

ACADEMIE SAINT ANSELME 79 peuple coupable uniquement de vouloir conserver son parler et ses traditions. Et en l'an de disgrâce 1939, le Messager Valdôtain devint le Messaggero Valdostano. Jamais je n'oublierai le serrement de coeur que j'é– prouvai le jour qu'en terre étrangère je reçus mon alma– nach complètement transformé dans sa physionomie et son langage. Vouloir ou non, dans son exil, l'émigré val– dôtain, qui est toujours un exilé plus ou moins volontaire, acquiert une sensibilité plus raffinée pour tout ce qui con– cerne sa petite patrie. Je ne pus m'abstenir d'écrire au Chef du Gouverne– ment de Rome le suppliant de permettre qu'au moins le Messager Valdôtain continuât encore sa publication en français par respect et par égard pour la vieille généra– tion valdôtaine. Naturellement, ma supplique n'eut paq de réponse: elle sera allée finir dans le panier de rebut de quelque antichambre du Chef. La captivité de Babylone du Messager Valdôtain du– ra 5 ans, de 1939 à 1943. Et pour revenir sur le thème des émigrés je dois dire que leur sensibilité fut piquée au vif par la critique acri– monieusement satyrique lancée contre eux dans l'Avant– Propos du Messager 1951. Elle provoque une réplique. Les valdôtains du pays forment le corps de résistance du front de la bataille; les émigrés sont à l'arrière-front. Que dirait-on si ceux-ci s'avisaient, en temps de luttes, de faire du défaitisme? (passez-moi ce néologisme). Ils seraient vite cloués au pilori de l'opinion publique. Mais alors, quel pilori devrait être réservé pour les défaitistes du front? Ne m'en voulez pas pour cette digression. Les années 1944-45 virent les sombres journées des luttes fratricides sur nos montagnes et la Rédaction du

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