BASA
Académie Saint Anselme 11 lait au contraire sans réticence, affirmant volontiers ses sentiments. Il n'était ni Escobar, ni Tartufe, ni Trissotin. Il laisse le souvenir d 'un prêtre régulier, très attaché à son devoir, bon, charitable envers tous. Il connaissait le chant, la musique, mais non l'art oratoire. Quand on considère la somme de travail que ce bûcheur a accom– plie, on reste stupéfait qu'il eût pu abattre tant de be– sogne. Sa ténacité était ravivée par une foi religieuse sincère, qui illuminait tout son esprit, toute sa vie. La prière fut l'aliment constant de sa vie, disons que lui– rr.ême était une âme de prière. , Une des plus grandes douleurs, lorsqu'il sentit son dépérissement extrême, c'é– tait de ne plus pouvoir réciter son bréviaire ou au moins son chapelet. Le rapporteur, M. le Sénateur Page, a passé en revue ses nombreuses productions littéraires et scientifiques, même celles qui ont trait aux matières orientales. Je ne m'attarde pas à énumérer ses titres honorifiques, que du reste tout le monde connaît déjà. Le voici arrivé à la fin de sa carrière, longue de 71 ans; le voici à cet âge tel que nous en garderons l'ap– parence au fond de nos yeux ; si fier et si simple cl' as– pect, le visage creusé avec une douceur souriante ·et grave. Le front descendu comme un glacier, le crâne dénudé depuis longtemps, l'érosion de la vie ont pétri sa face. Il ne se croyait pas mortellement atteint, mais lorsque 18 collapsus de ses forces lui fit perdre l'illusion de la vie, il prononça le fiat de la résignation: «A la volonté de Dieu 1 », répétait-il à tous ceux qui voulaient répan– dre un baume consolateur sur son corps défaillant et sur son âme fugitive .
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