BASA
130 Académie Saint Anselme Même au loin, même déracinés depuis deux ou trois générations. Chez nous, tout français et bons français que IiOUs fussions, on parlait souvent du Val d'Aos– te. Mon père n'y était point né mais il l'avait visitée. Ses souvenirs, et ceux particulièrement du Giomein où il avait reçu l'hospitalité patriar– cale de quelque cousin, m'avaient paru si beaux que tout jeune encore je me suis hâté de passer le Saint Bernard. En pèlerinage. Et, là-haut, à l'hospice, j'ai vu dans sa robuste, vieillesse le recteur Chanoux. Après le repas du soir, et sans doute parce qu'il s'intéressait en moi à un jeune valdôtain de l'extérieur dont l'éducation était à compléter, cet homme impo– sant me parla de ses montagnes et de la Vallée d'une façon qui m'impressionna et acheva d'o– rienter mes inclinations et mes curiosités vers le vieux pays. Me doutais-je alors qu'après plus d'un demi– siècle, je devais voir un jour un autre Chanoux encore plu.3 inoubliable. De sombres années venaient de s'enchaîner les unes aux autres. Fini le temps où, alpin à béret, j'avais bu sur la frontière l'Asti de l'ami– tié avec d'autres alpins alors coiffés d'un haut chapeau à plumet. Une guerre absurde et pour nous fratricide avait ensanglanté nos cols. Et à
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