BASA

266 Académie Saint Anselme Le Prof. Perret était d'une sensibilité raffinée. Un jour, un de ses meilleurs élèves, sans un brin de malice, tourna un peu en ridicule dans sa composition l'inspiration des poètes. Mais ce– la était si finement et si habilement décrit que lE: professeur n'y trouva rien à redire. «C'est parfait, dit-il, il n'y a rien à corriger : votre de– voir mérite un 10. Mais de grâce, mon cher ami, ne tournez pas contre votre professeur les ar– mes qu'il a peut-être aidé à vous fournir. Et si j'ai fait quelque chose pour vous, rappelez– vous que vous devez toujours au moins le res– pect à votre professeur... » . Et deux grosses lar– mes coulèrent lentement sur ses joues pâles, é– maciées... Un jour un élève ayant manifesté du mécon– tentement pour le choix d'une composition, «Vous n'êtes pas content? - dit-il - eh bien, je vous laisse sans devoir ». Singulière punition de la part d'un professeur ! La leçon fut com– prise et, quoique écoliers (cet âge sans pitié), nous fîmes quand même notre devoir. Il ne se familiarisait guère avec les élèves dans leurs récréations. Une seule fois nous le vîmes se mêler à nous. Il avait aperçu de sa fenêtre que, dans la cour, deux camps s'étaient formés aux extrémités d'une corde et s'apprê– taient à mesurer leurs forces. Il descendit tout

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