BASA

Académie Saint Anselme 29T ne et sa petite soeur, qui ont eu à peine le temps de se donner un coup de brosse, sont sorties de leurs chambres et se penchent cu– rieuses à la logette du premier étage. Dès qu'el– les ont reconnu leur père, elles descendent en courant les marches du perron pour aller se jeter dans ses bras. Mais qui est ce monsieur déjà d'un certain âge à côté de leur père, qui est en train de les dévisager avec une surprise qu'il réussit à peine à dissimuler ? C'est que Bonne n'a pas eu le temps de chan– ger de toilette et semble encore plus jeune dans sa simple robe de tous les jours. Elle est toute rose de honte de se montrer à un étranger dans une tenue si peu élégante. Elle était justement rentrée d'une course à travers les villages de Fénis où elle était allée visiter ses pauvres. Cette année la misère est encore plus grande à cause de la sécheresse. Il n'a plu depuis plu– sieurs mois et les champs et les prés sont secs et brûlés comme en décembre. Les vaches, qui ordinairement ne descendent qu'à la St. Michel, ont dû « désalper » un mois plus tôt. Comment pourra-t-on les nourrir jusqu'au printemps si on est obligé d'utiliser les fourrages qu'on avait mis de côté pour l'hiver ? La présence du gentilhomme provençal a fait reprendre à Fénis l'aspect des grands jours de'.