BASA

Académie Saint Anselme 45 Pendant que nos populations parleront leur patois, le fran– çais sera toujours compris chez nous. Parlez l'italien à un de nos rares illettrés, il n'en comprendra pas un traitre mot, parlez-lui le français, il saisira vos expres– sions, vos idées. Ce qui doit singulièrement nous étonner c'est d'en ten– dre, à une époque où l'on constate la tendance marquée dé nos contemporains à la décentralisation, des absurdi– tés inexcusables de maints publicistes français contre le s patois. En Italie, au contraire, tous les arguments qu'on pourra faire valoir en faveur des patois seront invoqués même avec un grand bonheur d'expression. Imposons à tous les valdôtains la la ngue française et la langue nationale, mais laissons aussi à chacun le droit d'exprimer par un langage particuiier ses idées particu– lières. Les parlers locaux doivent être conservés, avec les mêmes soins jaloux qu'on garde tous les souven ir::> archéologiques du Pays, car ceux-là sont les monumen ts les plus expressifs et les p lus vivants des anciens âges. Un des grands avantages des patois est de renforcer l'in– dividualité de chaque homme et de satisfaire le particu– larisme local. Ce qui fait l'attrait d 'une région, dirait quelqu'un, c'est sa physionomie propre, ses costumes, son langage fami– lier, son aspect physique. Il faut laisser à chacun sa vie propre, ses habitudes. Aussi, avait-il raison Victor Hugo quand il disait : « J'aime b ien la mode de Paris ; mais je " crois qu'il est bon de conserver aussi le clocher du pe– « tit village >. Le patois valdôtain, comme les patois de la Savoie et de la Suisse romande, ont conservé de nombreux termes de l'ancien français. Ces locutions v ieillies pourquoi ne

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