BASA
Académie Saint Anselme 49 En parlant d'un Être suprême, peut-on penser en même temps qu'il peut ne pas exister ? Voilà toute la question. Il faut remarquer que dans certains concepts il y a des éléments constitutifs qui les détermi– nent obligatoirement. Ainsi, quand vous pensez à un cercle, vous êtes contraint à penser qu'il est rond, qualité nécessaire du cercle ; quand vous pensez à une montagne, vous voyez né– cessairement une vallée ; si vous parlez d'une forêt, il y a des arbres; si vous mentionnez un escalier, vous devez y voir des marches. Et con– séquemment, quand vous pensez à un Être Su– prême, vous devez en conclure qu'il existe, si– non, il ne serait pas suprême. Et voyez, on ne lui ajoute pas l'idée de l'exis– tence, on l'y trouve, elle est dedans, si je peux dire ainsi. C'est une conséquence. Tout à l'heu– re, Descartes emploiera une comparaison en– core p lus précise, plus mathématique, mais cet argument n'est pas une succession d'éléments, mais une immanence. C'est un argument unique, valable seulement dans l'idée d'un Être Suprê– me. C'est là qu'on s'aperçoit de l'erreur du moine Gaunilon, qui a réfuté l'argument du Prieur du Bec: et ce qui est étonnant, c'est que l'argument anselmien, qui est un argument apologétique, a été combattu parfois avec acharnement par
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