BASA

50 Académie Saint Anselme des religieux et non par des laïques ; ils ont, à l'instar du moine Gaunilon, soutenu la thèse de l'insensé, de l'impie, tâche que je n'ai jamais pu comprendre et qui est assez singulière. En effet, quand le R. P. Qaunilon reproche à Anselme de faire fausse route, il prend l'exem– ple de l'idée d'une Ile Fortunée qui doit être la plus belle de toutes, et il en conclut que d'a– près le raisonnement du prieur du Bec, elle doit exister. Voilà la première erreur des adversaires de l'argument anselmien: Anselme n'avait pas par– lé d'un objet, d'une chose, mais de id quo, ce dont, un concept indéfini. Naturellement, quand on pense à une chose, à un objet, on n'en peut déduire son existence, car dans toute chose dé– limitée, il faut séparer les concepts de l'essence et de l'existence, ce dont nous parlerons plus a– vant. La pensée d'Anselme est donc unique, elle se rapporte à un seul concept, celle d'un ~tre Suprême, qui, le nom le dit, exige son existence. Et c'est cette singularité, ce rapport nécessaire de l'idée de Dieu et de son existence qui a con– duit Descartes, le prince de la philosophie mo– derne, à prouver Dieu, d'une façon qui a sem– blé nouvelle et qui a eu une influence si favo– rable dans les esprits de notre temps.

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