BASA
Académie Saint Anselmé XIII * * M. Lin Colliard, bibliothécaire de l'Académie, nous a es– quissé une des plus originales figures du Clergé valdôtain et du Chapitre Cathédral, et qui a joué un rôle remarqué au siècle dernier. Il en a tracé le curriculum vitae d'une fa– çon assez détaillée et rectifié la date du jour de sa nais– sance. M. le chan. Félix Orsières, natif de Chambave, était un personnage excentrique s'il en fut jamais, un être infiniment complexe où il y avait du naïf et de l'illuminé, des candeurs et des roueries, un grand coeur et beaucoup de bile, du dé– mocrate et de l'aristocrate, du libertaire et de l'absolutiste, du réactionnaire et du royaliste, du gallican et de l'indépen– dant. C'était un type spécial à cette époque troublée ; il n'a– vait pu naître et s'épanouir que dans une atmosphère viciée par un libéralisme outrancier et pervers. M. Colliard nous le montre très rigoriste, voire janséniste tout d'abord, ensuite libéral à tous crins, fait pour happer au passage tous les germes errants de toutes les pestes en – démiques. Ses fortes teintes libérales il les avait reçues à l'Université de Turin, à la Faculté de droit. Il lui en coûtait, à ce voyant de l'avenir, de voir le Clergé de son temps im– mobilisé en des bandelettes de momies. Etait-il un précur– seur? A mon sens il n'en avait pas les qualités, parce qu'il manquait essentiellement d'équilibre. Ce n'était ni un Albert De Mun, ni un don Sturzo, ni un Cattaneo, ni un Mgr. Ker– naëret, ni Tocqueville, ni un Crispolti, ni un Toniolo. C'était un statolatre outré, un libéral inconscient, un utopiste exa– géré, un mégalomane. Il rêvait un monde nouveau, une hu– manité émancipée, une église rajeunie, un clergé lancé dans une course \'.ertigineuse vers le progrès, l'État disposant de tout en maître absolu même des consciences. Le sort de l'Église lui donnait martel en tête. Il sentait peser sur sa conscience le souci du présent et l'inquiétude de l'avenir. Et son regard plus que candide se perdait dans le vague des lointains insondables. Il est notoire qu'à l'époque des élec– tions il faisait propagande pour le parti libéral. Il ne voyait pas, le bonhomme, que le libéralisme maçonnique entamait son oeuvre sacrilège, déchirait la robe sans coüture de no– tre Sainte Mère l'Église, houspillait, houraillait, traquait le Clergé, jusqu'à coffrer les curés qui s'avisaient de ne pas
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