BASA

170 Académie Saint Anselme ment de cils, si l'on considère qu'en quarante fois cin– quarante ans, - le temp s qui nous sépare de la naissance du Christ, - le profil de ces monts qui se dressent devant moi, n'a pas subi le moindre changement. Depuis que Je, soleil a disparu derrière les croix de Bla– vusse, le vent est tombé comme d'habitude et c'est le cal– me du soir ; Zerbion e t Barbeston sont déjà dans l'ombre; seules les pointes de Challant gardent encore les de rniers reflet de l'astre du jour: quand elles cesseront de briller ce sera l'heure mauve. J'étais, il y a cinquante ans, au commencement du siècl~ , un enfant d'une dizaine d'année, l'âge où la vie s'ouvre devant nos yeux éblouis comme un grand livre magique dont les pages sont encore toutes à couper. En remontant b cours des ans, je garde encore le souvenir de ce gamin qui courait pieds-nus dans la grande allée des tilleuls (1), ou chassait les papillons voltigeant dans le jardin. Dans le grand salon d'entrée, qui n'a pas changé de décor et que mes yeux d'enfant voyaient encore plus vaste, je me revois jouer à la balle les jours de pluie, en faisant bien cttention (mes parents ne me ménageaient pas leurs re– commandations) à ne pas casser les vitres de la chaise è porteur de la Comtesse de Challant, qui est toujours 0 son ancienne place et garde indemnes ses carreaux, mal– gré tout ce qui s'est passé depuis. Mais avant de foire ensemble le tour du propriétaire, retournons encore sur la terrasse qui domine le cirque châtillonniein, pour donner un couo d'oeil sur la bourgade avant que la nuit ne tombe tout à faif. Pçrs un toit de tui– les rouges ne gâtait il y a cinquante ans l'harmonie des toitures en pierre qrise. L'église actuelle n'existait pas et l'ancienne s'allongeait entre le vieux clocher e t le choeur qui est encore debout et sert actuellement de chapelle. D'année en a nnée, quand aux h eures de détente et de songerie, Je reviens m'asseoir sur ce perron, si je regarde