BASA

172 Académie Saint Anselme m 'exprimer à Ia manière de Dante. Des dix neuf enfants, par exemple, issus de cette sainte femme que fut VictoirP de Challant, Solaro di Moretta, dont j'aurai l'occasion de reparler (2), maints sont morts en bas âge ; mais le reste de la nichée? Ils l'ont bien parcourue tout jeunes cette grande maison en la remplissant de leurs cris joyeux et de leurs petits caprices, ce vacarme charmant que les pa– rents ne peuvent parfois supporter, mais qui est si doux aux oreilles des grand-pères ! Ils se sont amusés dans le pcrrc sous des arbre s tout aussi vieux que ceux de notre temps, à l'ombre desquels la génération de mon père, l a mienne et celle de mes enfants ont pris leurs ébats. Et maintenant c'est le tour de celle de mes petits-fils ! Evanouies, disparues sans laisser de traces, qu'ont-elles laissé d'elles ces générations dans ce paysage? Je pense à la sublime phrase de Maurice de Guérin dans le « Cen– taure » : «Les lacs tranquilles se souviennent encore, mai s les fleuves ont oublié ». Les fleuves de la vie oublient tout don s leur perpétuel renouveau... Dans ma folle et vaine curiosité du temps qui n'est plus, ce vertigineux attrait du passé où i'irai me fondre à mon tour, que n'ai-je plus longuement interrogé les vieillards dE' mon pays, - dans mon enfance il y en avait encore de très âgés, - auprès desque1s j'aurais pu apprendre les choses qui m'attirent aujourd'hui. Ceux qui survivent re savent plu s. Qu'e n ai-je appri s ? Presque rien : jus te assez pour m'in triguer davantage. D'une vieille brochur9 d'un écrivain anqlais (3) j'ai eu la chance d'croprendre a u'il y a juste cent ans, le jardin se . présentait fleuri toùt à fait comme maintenant, et que la haie de jasmins en– tourant le château existait déjà alors. Voici quelques ex– traits de ce petit volume : « II castello di Châtillon ora un a1tro deglr antichi oos– sedimenti della famiglia Challant. Circa trent'anni fa il Conte mor1 lasciando una vedova ed un figlio ; morendo