BASA
Académie Saint Anselme 183 pour ne pas être arrêté et déporté en Allemagne. Mon fils, qui a pris le maquis, est monté à la Madeleine avec sa femme et mes deux petits-fils. Plus tard la bande de maquisards dont il fait partie se transporte à Valtournen– che où elle est dispersée par une " opération de nettoya– Qe ». Mon fils et ma belle-fille Victoire parviennent à s 'é· vader en Suisse en franchissant le col de St. Théodule, tandis que les enfants - chargés dans une hotte - sont transportés à dos d'homme de Valtournenche à Châtillon. A deux siècles et demi d'intervalle, seules les personna– ges ont changé : les angoisses et le nom des deux femmes 'sont les mêmes! Fermons cette parenthèse personnelle et reprenons le fil de notre histoire. En 1704, seconde invasion française. Cette fois c'est pour deux ans que l'ennemi s'installe dans notre pays. Tout château valdôtain reçoit son contingent de troupes. Châ– tillon ne fait point exception: et on peut imaginer avec quelles conséquences désastreuses. Les premiers sacrifiés sont les arbres séculaires qui entourent la maison. Les branches et le bois menu servent à alimenter les feux des cuisines, les beaux troncs robustes sont tout à fait à la mesure des immenses cheminées où ils flambent les uns après les autres pour chauffer pendant l'hiver les sol– dats transis de froid. Les propriétaires sont loin : on peut donc se servir à loisir des objets qu'ils ont quittés à la hâte dans le désar– roi du départ. On se prélasse dans leurs meubles, on se sert et on vend ce qu'on trouve de précieux: les lingeries 8t les tapisseries enfermées dans les coffres et dans les c;arderobes trouvent aussitôt des amateurs. Ainsi va abîmé ou dispersé en peu de temps tout un patrimoine précieux que les ancêtres avaient mis de longues années à réunir. Nous qui sommes passés par les mêmes transes, nous pouvons évaluer ces pertes et ces dommages car nous nous souvenons dans quel état de délabrement nous avon s
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