BASA

224 Acad~mie Saint Ànselmè Parler de !'oeuvre sans parler de l'homme, c'est courir le risque de laisser la partie la plus importante dans l'om– bre, celle qui explique tout le reste. Son père était de· Torgnon. Artiste inné, il s'était fixé à Châtillon où il épousa une demoiselle Valleise, descen– dante de la noble et antique famille des Valleise qui illus– trèrent jadis notre pays par leurs faits de guerre, leur sa– voir et leur goût dans l'embellissement des nombreux châteaux qu'ils édifièrent aux quatre coins de la Vallée. Cette digression n'est pas inutile, car eUe peut fournir la clé du secret de ce tempérament artistique·. Un père artiste, une mère issue d'une ancienne famille formée de– puis des siècles à l'amour des beUes choses : l'enfant poussait tout naturellement dans un climat qui devait par force l'influencer. Son père était sculpteur sur bois. Sculpteur populaire, dont la race était nombre use chez nous, autrefois, et qui maintenant ont tendance à s'orienter vers une sculpture conventionnelle ou purement pratique. A longueur de journée il travaillait patiemment des mor– ceaux d'arolle, façonnant ces figurines curieuses que l'on peut encore admirer dans certaines vieilles familles aos– taines: danseurs villageois, vieillards fumant la pipe, ani– maux domestiques, reproduisant en somme les mille aspects rustiques qui marquent la vie de nos paysans. Il sculptait aL1ssi des natures mortes qui étaient fort à la mode en ce temps-là Certaines, que son fils conserve encore, sont ren– dues avec une maîtrise si parfaite de son art, avec une minutie dans le détall si fouillée, qu'elles font invincible– ment penser à ces chefs-d'oeuvre du début de la Renais– sance que sont les stalles de Saint-Ours à Aoste. A son art du bois, le père ajoutait un solide talent de conteur. On sait la richesse de notre folklorn et l'abondance de fables qu'il a provoqué. Les soirs d'hiver - il est si

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=