BASA

Acad&mle Saint Anselme 225 long chez nous - les quatre fils d'Eugène Mus se réu– nissaient autour de l'âtre pour écouter de sa bouche un l:;eau récit fantastique pendant que ses mains continuaient à polir le bois. Ces récits parlaient de thèmes familiers à l'esprit des enfants. Les personnages étaient toujours les mêmes : pauvres paysans habitant quelque masure à qui il arrive de faire des rencontres avec le diable ou un cnimal fabuleux. Quand Italo Mus eut six ans, la famille vint se fixer à Saint-Vincent, où sa mère prit la gestion d'un petit bureau de tabac. Là, dans cette nature aimable, l'un des rares endroits de notre pays où la montagne prend un aspect moins sévère, plus aéré, le tempérament artistique du futur pein– tre commença à percer. Tantôt, c'était un morceau de bois qu'il s'essayait maladroitement à dégrossir. Tantôt quelque boulette de terre glaise qu'il modelait à l'image de ses rêves. Insensiblement, inexorablement il sentait le besoin de matérialiser, de transcrire ce qu'il sentait con– fusémen! en lui d'aspiration vers la beauté. Un jour, il avait environ 12 ans, il partit à travers champs, tenant à lçx main une feuille fixée par quatre pointes sur une planchette, et dans l'autre un morceau de crayon. Il était tout à son ouvrage, reproduisant d'a– près nature un groupe d'arbres, lorsqu'il entendit une voix murmurer par-dessus son épaule: «Mais ce n'est pas mal du tout 1 C'est même très bien 1"· Il se retourna et recon· nut avec stupeur le célèbre peintre piémontais Lorenzo Delleani. Il le connaissait pour l'avoir vu plusieurs fois dans la boutique maternelle et à Saint-Vincent, où il était venu faire une cure thermale, tout le monde en parlait comme d'un homme célèbre, d'un grand artiste. Pensez quel fut l'émoi de notre jeune héros à se voir interpellé de la sorte 1 Delleani était un petit homme, pas très haut

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