BASA

226 Âcad~mie Saint Ânselmè Mais si grand par la renommée et la science, que, d'émo– 'tion, plantant là dessin et matériel, le jeune Mus s'enfuit à toutes jambes, trop intimidé pour oser répondre à l'il– iustre maître. DeÏiOCffii ramassa l'ébauche et ayant demandé à une paysanne le nom et l'adresse du jeune dessinateur, il s'en vint trouver ses parerits. Après les avoir complimenté sur le talent précoce de leur enfant, if les pressa vivement de le faire entrer à !'Ecole des Beaux-Arts de Turin où il aurait pu recevoir les leçons qui lui auraient permis de discipliner ses forces juvéniles et de lui apprendre les rè– gles d'un art dont l'apprentissage est long et délicat. Les parents furent flattés, cela va de soi. D'autant plus qu'ils se rendaient bien compte que le jugement émanait d'un maître de la peinture italienne de l'époque dont les toiles étaient déjà accrochées de son vivant dans les prin– cipaux musées de la péninsule. Cela, monsieur et madame Mus le savaient, ayant eux-mêmes l'âme, assez portée vers l'art pour n'en rien ignorer. Mais comment faire ? Tout le revenu de la famille provenait des maigres res– sources du petit magasin maternel. Quant au profit que le père Mus aurait pu tirer de la vente de ses sculptures, il valait mieux ne pas en parler. En véritable artiste qu'il était, désintéressé et vaguement bohème, il suffisait qu'un quidam lui fit compliment de son oeuvre pour qu'il l'of– frh, se jugeant déjà bien payé par l'éloge. En bref, il ne vendait pas ses sculptures, il en faisait cadeau. Faire vi– vre six personnes sur une si petite boutique, ce n'était déjà pas chose facile. Saint-Vincent n'était, à l'époque, qu'un gros village modérément animé en été par les cu– ri::tes qui. venaient demander à la «Fons Salutis,, un sou– lagement à leurs maux. Les frais qu'aurait entraîné le séjour à Turin de leur fils s'avéraient trop lourds pour leurs épaules. Ils remercièrent chaleureusement le célèbre

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