BASA

Acad~mie Saint Anselme 231 ral Caviglia en inspeclion sur le front. Nous sommes en ~916, à Campofilone, dans la région d'Ortigara. Le géné– ral s 'approche du rudimentaire chevalet et, subitement conquis, exige que le brancardier Mus lui fasse son por– trait. Pour écarter toute objection, il le gratifie même d'une semaine de permission extraordinaire pour lui per– mettre d'aller se munir de couleurs et de toiles. Mus pro– fite de l'aubaine pour venir embrasser les siens, prend son matériel et ievient sur le front où il commence le portrait du général. Mais les hasards de la guerre pré– cipitent les événements. Le portrait ne sera pas achevé et d'ailleurs Mus n'a jamais eu tant à faire dans sa mi– séricordieuse mission. A ce propos, qu'on me permette une parenthèse. Un jour de l'été dernier, je recevais dans mon bureau un sympathique individu, sorte d ' homme des bois hirsute, sorti de ses forêts parce que malade et ayant besoin de c.uelque secours. La porte était ouverte et Italo Mus ar– riva. Je le fis entrer aussitôt et, tandis qu'il me parlait, je voyais que tout son flair d'artiste était attiré par l'é– trange personnage resté debout près du bureau. A un certain moment, n'y tenant plus, Mus me fit : « Savez– vous qu'il a une tête caractéristique, cet homme? j'ai– merais bien en tracer un croquis! ». L'autre le considéra un instant, clignant les yeux, puis : - Dis-moi, ne serais– tu pas le peintre Mus par hasard? - Oui, c'est moi. Alors l'homme barbu de lui dire: - Tu ne me reconnais pas? Forcémen~ il y a plus de 40 ans de cela! Tu m'as ramassé, lors de l'attaque de Montefiore. J'avais une balle dans le poumon. Je l'ai toujours, d'ailleurs, et elle com– r.lence à m'ennuyer sérieusement l Inutile de décrire la stupéfaction générale. Bien entendu, Mus fit, le lendemain, le portrait de son «rescapé"·

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