BASA

Académie Saint Anselme 233 faut mettre l'accent. C'est un homme, vivant intensément la condition humaine, qui ne veut pas «jouer le jeu», qui dit: «Je refuse ! ». Son message silencieux porte loin, très loin. Il témoigne contre l'insouciance de gouvernements qui ne connurent la montagne que pour la note d'exotisme précieux qu'elle cpportait aux snobs de toute tendance. Il accuse la plaine où tout est facile et la vie abondante, heureuse, détendue. Le drame latent du valdôtain, cette espèce de complexe d'infériorité, que bien à tort il porte en lui devant l'étran– ger, cette résignation patiente, mais en même temps lucide, · Mus nous la traduit d'une façon élémentaire, pourrions-nous dire, dans ses toiles où ses personnages accablés par un destin plus haut que leur stature humaine semblent at– tendre ce qui tarde à venir: l'aurore d'un temps meilleur, une lueur au milieu de toute cette grisaille. Par là, Italo Mus est un peintre social au témoignage terriblement éloquent. Les ·années passent, années de perfectionnement cons– tant, de maîtrise accrue sur ses sujets, presque toujours les mêmes : intérieurs rustiques baignant dans de vastes zones de clair-obscur d'où émergent des visages tantôt tragiques tantôt d'une douceur biblique. Des paysages, aussi. Pris au moment où la nature se venge : tempêtes, tourmentes, ou bien ensevelis sous la neige qu'il traite d'une manière incomparable. En 1927, un amateur d'art lui ayant acheté une ving– taine de tableaux, organise à son insu une exposition per– sonnelle à la « Galleria Vite Ili " de Gênes. C'est un triom– pre, largement commenté par la presse génoise où les critiques ne tarissent pas d'éloges sur cette «révélation» . Mais il lui faut l'air de Saint-Vincent pour vivre. Il s'efface volontairement et revient continuer sa beso– gne, plus solitaire que jamais et fuyant le monde qui

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