BASA

234 Académie Saint Anselme n'aime pourtant pas qu'on lui tourne le dos. Malgré cette retraite, cette modestie, sa renommée commence tout de même à franchir les limites de sa province. Les amateurs sont attirés par ce que son oeuvre a de personnel, de na– turel, d'étranger à toute tendance ou coterie. Les directeurs de galeries d'art à qui l'on demande à quelle école on .reut rattacher ce peintre vigoureux répondent invariable– ment: «A aucune, à la sienne 1"· Il sacrifie une gloire qu'il juge trop facile pour continuer à donner une vision toute personnelle du monde, de ce monde étroit et comme anachronique, mais qui est le sien, le sang de son propre sang. Vient l'année 1938. Il continue d'exposer dans son ma– gasin-atelier, peu soucieux de publicité et tout à son oeu– vre. Ici se situe un événement qui le fera momentanément sortir de sa laborieuse retraite. Le critique milanais Guido Marangoni est venu prendre les eaux de Saint-Vincent. C'est un jour de septembre, un orage éclate. Le critique d'art avise une boutique devant laquelle il est passé cent fois sans même s'arrêter, la prenant pour une de ces en– treprises de peinture commerciale à usage de touristes. La pluie tombe à verse. Ma foi, tant pis, il entrera s'abri– ter là, quitte à tourner le dos aux croûtes pour contempler derrière les vitres la rue balayée par les trombes d'eau. Mais le métier est le plus fort. Machinalement, à peine entré, il jette un coup d'oeil sur les tableaux. Et c'est l'é– blouissement 1 Excité, fébrile, il demande à connaître le peintre. Le peintre n'est pas là, il est en montagne, son chevalet planté dans quelque étable. Il l'attend patiem– ment. Et de là naît une solide amitié. Un article enthou– siaste sur la revue artistique « Perseo » fait connaître Italo Mus au grand public. Marangoni presse Mus de venir exposer à Milan. C'est mal connaître notre homme. Il ré-

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