BASA

Acad~mie Saint Ànselmè Parler d'un tel homme n'est pas facile, je m'en suis a– perçu lorsque j'ai su que je devais prendre la parole de– vant vous, Messieurs. La difficulté provient de divers facteurs, complexes à la vérité, car il est toujours délicat, périlleux et malaisé de parler avec vérité d'un ami, de l'évoquer en laissant sin– cèrement parler son coeur. Pour monsieur le professeur Gerbaz, la majeure difficulté à le rappeler réside, il me semble, dans le trait dominant qui suit: il n'était pas à la mesure humaine courante. Je veux dire par là que les qualités qui étaient les sien– nes, des qualités qu'en somme nous reconnaissons souvent en d'autres personnes, lui, il les portait à un point tel de perfection, à un degré si rare, que l'on ne sait plus très bien si l'on est en droit d'y porter un jugement, même admiratif. Mais nous ne sommes animés que par la piété, par l'amitié et la reconnajssance. Aussi trouverons-nous le courage nécessaire pour en esquisser un bref portrait qui sera forcément incomplet. Nous l'avons tous connu plus ou moins. Et tous, nous avons été frappés par son exquise urbanité. Cela, c'était. si j'ose dire, le côté « extérieur ,, , ce que tout le monde pouvait en apercevoir. Et, soit dit en passant, cette manière d'être indiquait déjà suffisamment, même si l'esprit ne s'y arrête pas à première vue, une force morale, une discipline intérieure peu ordinaire, dans un siècle où, de plus en plus, le man– que de tenue, l'impolitesse et la muflerie sont, plus sou– vent qu'il ne serait convenable, à l'ordre du jour. Cette manière d'être courtois qui n'appartenait qu'à lui, faisait, me semble-t-il, que l'on avait peut-être tendance à ne plus se souvenir que l'on était en présence d'un esprit VTaiment supérieur. Là encore, les superlatifs ayant été employés par nos contemporains jusqu'à l'exaspération, on se trouve un peu démunis lorsqu'il s'agit d'encadrer le

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