BASA

Académie Saint Anselme 27 jours déterminé. Les écrivains de l'époque antérieure, bien que tout pétillants de verve et très remarquables par la sincérité naïve et chevaleresque de leurs récits, n'avaient pas réussi à donner à leur école des lois précises et im– muables, des bases certaines, et leurs productions man– quaient d'expressions sûres. Quel talent débordant d'ori– ginalité, de souplesse nous savourons dans Geoffroy de Villehardouin, Guillaume de Lorris, Marie de France, Jean de Joinville ! Mais leur langue informe, neuve, fondue dans aucun moule, n'avait étalé que des incohérences dans les .idées et des dissonnances dans l'expression. Lizez, par e– xemple, les Fables en langue d'oïl de Marie de France: elles sont un mélange bizarre d'expressions latines, anglo· saxonnes et bretonnes. Mais une vigoureuse et puissante régénération allait s'o– pérer. Une ère nouvelle, la Renaissance, débute par les vers les plus harmonieux de la langue française, les vers de la deuxième partie de la grande « Danse Macabre », les vers charmants de Charles d'Orléans et de Villon. Vous y trouverez encore, il est vrai, le langage naturel de l'homme «dans tout ce qui n'appartient pas à la vie r-ositive », c'est encore «la poésie dans tout ce qu'il y a de beau, de noble ,de mystérieux dans les croyances tra– ditiormelles du genre humain», mais leur français révèle déià les qualités qui le caractérisent à travers les siècles : la clarté, la grâce, la précision; «ce qui n'est pas clair n'est pas français ». L'adoption d'un idiome uniforme, bien tranché et avec une physionomie propre date de Philippe de Commines eu mieux encore de 1453, année de la prise de Constan– tinople par les Turcs. Ce dernier événement eut une réper– cussion immense non seulement dans les idées, mais dans les lettres et les arts. Constantinople était la dépositaire de toutes les épaves de la littérature grecque et romaine. L'empime byzantin tombé, les populations refluèrent du

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