BASA

Académie Saint Anselme 39 aura plus dans l'usage courant que notre patois, qui a si peu d'affinité avec lui, oh, alors, prenons-en notre parti, l'idiome national en subira aussi un contrecoup fatal par– r:ii nos populations, et il arrivera ceci, que les Va ldôtairn; ne le parleront pas mieux que les peuples de la Campanie et de la Calabre. Ce n'est pas sans raison que l'hon. Dominique Berti écrivait, le 20 mars 1862, au Maire d'Aoste· « Fidèle à mon antique conviction mûrie dans les étu– « des historiques, j'ai toujours cru et je crois que la langue « maternelle est la seule capable de développer entière– « ment les facultés intellectuelles et morales d'un peuple». Cette observation, digne de l'illustre homme d'État et dont nul ne contestera la haute portée, se passe de tout commentaire. Tandis que dans nombre d'autres régions italiennes les prédicateurs se servent des dialectes locaux pour se faire comprendre des fidèles, les campagnards valdôtains, et à plus forte raison les habitants de la cité, ne seraient pas mal chcqués d'entendre une instruction ou un discours ho– mélétique ou parénétique en patois. Il est vrai qu'aux xrra et xma siècles, le français n'étant pas encore tout à fait fixé, les ministres de l'Évangile de– vaient encore recourir au roman pour s'adapter à l'intel– ligence du peuple, mais nos chaires retentissaient des sonores accents de Rome quand les auditeurs étaient des clercs et des lettrés. Les sermons débités en langue vul– gaire devaient être traduits en latin pour être livrés à la publicité. C'ect ce qui explique pourquoi aucune oeuvre oratoire en roman n'est parvenue jusqu'à nous: « lingua « romana, disait-on, coram clericis saporem suavitatis non « habet "· De 1411 à 1536, nos évêques interdirent l'usage du ro– r:ian, c'est-à-Oire du français populaire dans les églises, et nos orateurs sacrés durent s'exprimer en français. Dé jà au xva siècle, ce furent les Capucins de Savoie, et parmi

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