BASA

Académie Saint Anselme XI rienne et tombale, c'est ce cri solennel des tristesses et altier des joies, c'est cette hymne grandiose de la foi de l'homme qui semble sourdre dans les églises, comme d'irrésistibles geysers et a tout le cachet d'une poésie locale. Une autre expression de nos sentiments, quoique d'une in– tonation différente, nous la retrouvons dans le De Profundis qui semble darder jusqu'au ciel le cri d'angoisse de l'âm e -désincarnée, jetée nue, en pleurs, devant son Dieu. C'est la morne plainte où l' être déchu, lamentablement, implore, en gémissant, son Dieu. Grand organiste, et surtout brillant compositeur, Yon ne tenait pas à exhiber sa science, à exalte.r sa gloire et par conséquent en omettant Dieu. Sa personnalité a tout l'air de s'effacer pour ne laisser parler que l'orgue, tandis que lui– m.ême crée des nuances qui ont une touche toute personnelle. M . le baron Donna nous dit que notre grand artiste « fit de l'orgue une vivante expression de splendides thèmes avec de grandes enluminures de tons, avec une exquise délica– tesse et une vibrante puissance », et il ajoute que la techni– que de Yon au pédalier de son instrument surpasse toute imagination et est demeurée proverbiale. L es chroniques nous apprennent que le public était émer– .veillée non seulement de son doigté, de la manière dont il effleurait les registres, mais aussi de ses surprenantes envo– . lées aux pédales, par lesquelles il manifestait magistralement t oute la puissance de son instrument et accentuait le rythme et l'art de tourner la p hrase, pendant que ses mains demeu– raient inertes. Il avait composé un morceau intitulé «Studio da concerto con petiale in re. » lequel portait 1467 notes de– vant être exécutées en trois minutes. Et il n'en manquait jamais une. Il possédait au plus haut degré la maîtrise de son instru– ment et par un habile jeu de registres il interprétait Bach dans toute la puissance évocatrice de l' illustre maître. Ainsi, lorsqu'au mois de septembre 1931, le maître Yon mit .la m ain, dans le vaste et ancien temple de Sainte Croix à Florence, sur le fameux orgue qui dans l'étendue de ses amal– ·games phoniques, se prête aux plus variés et aux plus inat– t endus mélanges de voix et de sons, l'interprétation de la « Fantasia e fuga in sol minore », fut pour tous une révéla– tion. Là le grand artiste se montra un psychologue suggestif -de la note et fut frénétiquement applaudi à plusieurs reprises .

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