BASA
XII Académie Saint Anselme A l'orgue Yon donnait libre essor à son imagination et sa– vait mettre en oeuvre toutes les ressources du pathétique et réveiller des visions et des émotions imméd'iates mais non fugitives et par suite on peut lui attribuer un programme décisif d' action civile enveloppé dans les voiles fluides de la · mélodie. Certaines de ses pièces musicales vous transportent au-dessus de la matière et du temps. On a justement observé que si cet illustre Maître, comme · compositeur, tenait scrupuleusement à l' orthodoxie liturgique, « il fut au contraire un demi-révolutionnaire dans l' interpréta– tion des chefs-d'oeuvre musicaux et que son audace consistait à rendre avec une modernité de sentiments l'art tradftion– nel » de sorte que plusieurs « avouent même de nos jours · de n'avoir jamais compris et senti Bach sans en avoir préa– lablement entendu l'interprétation de Yon », lequel a apporté « une innovation qui tend à se généraliser». A ce témoignage de Mgr. Chiarodo, M . le baron Donna ajoute son jugement · sur la musique liturgique, dans laquelle le Maître Yon a de– vancé toutes les modernes transformations qui le font pion– nier et modèle: « Il sentit, dit-il, le souffle de l'âme chré– tienne et catholique de ce peuple ; il fut surtout un musicien liturgique, formé au langage musical de l'Eglise, lequel devint son propre langage, la plus intime et la plus essentielle ca– ractéristique de son art très personnel. Il connut et pénétra les sources grégo riennes comme il y en a peu, si bien que les plus profonds grégorianistes en étaient étonnés et ravis · d'admiration: il fut l'interprête spontané de ce chant millé– naire qu'il traduisit dans la vaste et raffinée syntaxe de la musicologie moderne, plus encore que des manières et des · thèmes grégoriens ». Toutes les messes de Yon sont presque toutes imprègnées · de l'esprit grégorien, sauf quelques-unes de ses oeuvres de jeunesse lesquelles sont des chefs-d'oeuvre de fraîcheur et· de dynamisme, et la Messe des Bergers, qui est une trans- • cription. Le cachet grégorien se manifeste surtout dans la messe «Hosanna Filio David », mais souvent sans que le compositeur– lui-même s'en rende compte, cet esprit grégorien coule spon– tané de l'âme du maître pour qui «le grégorien constitue la forme consciencieuse d' expression». Il n'est pas le premier · et moins encore le seul compositeur sacré qui se soit formé· sur le Graduel et sur l'Antiphonaire romain, tant s'en faut r mais il est difficile d'en trouver d'autres qui aient su fondre'
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