BASA
VIII ACADEMIE DE SAINT-ANSELME Charles-Emmanuel, pressé par les mouvements hostiles du ro i de France et par les succès de la Ligue, résolut définitivement de se jeter dans ce parti, en espérant de là beaucoup d'avan– tages. Mais dans ces entrefaites Henri III était mort, et Henri IV de Navarre lui avait succédé sans être reconnu de la moitié cle la France, surtout des Ligueurs qui l'avaient exclu de la succession et déjouaient ses prétentions. La France était en fi,amme·s. Dans le nombre de ceux qui aspiraient à ce trône, on voyait figurer aussi Charles- Emmanuel, qui en ce temps était en Savoie pour refouler un corps d'Huguenots, qui, incités, par le roi de France, envahissaient ses provinces. La guerre continua quelque temps sans résultats et Genève, abandonnée par le roi, était près de succomber, si d'heure·uses circonstances n'étaient survenues à son secours. Le duc de Savoie était sur le point de s'emparer de Ge– nève mais les Provençaux qui imploraient son assistance contre le roi de France H enri de Bourbon, les exhortations des mi– nistres du Pape et du roi d'Espagne, déterminèrent l e duc à abandonner la Savoie et à tenter l'invasion de la Provence après avoir garni de fo rc es suffisantes toutes les places du marquisat de Saluces et des autres frontières du Piémont. L a fortune souriait au duc de Savoi e, mais celui-ci avait un dan– gereux compétiteur à combattre dans Lesdiguières, qui, en m e– naçant les plai nes du Piémont, paraîssait tour à tour dans le s hautes vallées du Pô et de la Stura. Il déconcertait ainsi tous les projets offensifs du duc de Savoie, tandis qu'Henri IV en abjurant le protestantisme, déconcertait également ceux qui voulaient s'emparer de sa couronne et démembrer son royaume. La vaillance de Lesdiguières et les victoires du roi de France sur les Ligueurs n 'intimidèrent point Charles-Emmanuel ; la guerre continua avec des chances différentes, mais enfin fa– tigué de neuf ans de combats et de l'inertie des Espa.gnols, bien à contre-coeur, il signa la paix de Vervins dans laquelle il fut stipulé que la neutralité du duc de Savoie entre la France et l'Espagne serait respectée, et que la légitimité de ses i;rétentions sur le marquisat de Saluces seraient soumises aü jugement du Souverain Pontife. Charles-Emmanuel, se méfiant des dispositions de Rome, prit le parti de se rendre en France, et de négocier lui-même cette affaire avec le roi. Ce voyage f ut entre:pris en rain, et le duc de Savoie partit de Paris très mécontent de la Cour de France. Pour ce motif la guerre éclata de nouveau. Henri IV
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