BASA

72 A. CHENAL La Vallée d ' Aoste c'est ce]a , oui , mais ce n ' est pas seu1ement cela. La Vallée d ' Aoste, c'est avant tout l ' expression d ' une civilisation, petite si l'on veut, mais réelle dans sa portée et sa signification. J'ai dit « civilisation )). Du point de vue statique, ce mot désign e un état défini d ' un peuple à un moment donné ; par exemple la civilisation valdôtaine à l'heure actuelle. Il nous faudra donc lui donner au ssi une dé– finition dynamique si nous voulons retrouv er les sources réelles et lointaines, les motifs profonds qui nous ont conduits jusqu ' à ce point. Nous r epr endrons ce con– cept un peu plus tard. Il me paraît juste tout d 'abord J e rechercher dans l'histoire au moins quelques événements qui ont été les éléments décisifs de cette ci v ilisation , qui ont donné à notre quadrilatèr e r égional sa fi gure , son unité, sa per– sonnalité . Preniier événement: la fusion celto-ligure. - Il se– rait vain de nie r , par exemple , que les Sala sses ont con– tribué de fa çon sensible à faire notr e pays. Lorsque les Celtes occupèrent les deux versa nts des Alpes occiden– tales - deux cents an s avant la nai:osance du Christ pour prendre un chiffre moyen - ils fu sionnèr en t avec les populations préexi stantes fi ont l 'ori gine est contestée. Le peuple vainqueur était porteur d ' un message plus moderne , d ' une fa çon de penser plus évoluée. Tl fut assez sage pour n e pas détruir e la civilisation néolithi– que des aborigènes. Fait remarquable pour l 'époque, il respecta les coutumes traditionnelles de la collectivité humaine qu ' il avait subjuguée, mais les adapta à une conception nouvelle de la vie. La civilisation celte prit ainsi corps en Vallée d ' Aoste san s boulever sements con· sidérables, san s vi olences excess ives. Cette assimilation fut possibl e, à mon avi s, parce qu ' il n 'existait pa s de sérieux désaccord s entre la langu e celtiqu e et la langu e des indigènes, toutes les deux provenant d ' un même tronc commun: ]' indo-européen.