BASA
LES MOTIFS DU PARTICULARISME VALDOTAIN 75 Au Xe siècle , on croyait communément que l ' an mille allait marquer la fin du monde. S'agissait-il de superstition , de mauvaise interprétation du texte bibli– que, de psychose collective ? J e n e saurai s le dire. Le fait est que les hommes de ce t emps-là étaient inquiets e t manifestèrent leur angoi sse au-delà de toute imagi– nation. Après l'an mille, le calme redescendit dans les es– prits, mais pour un temps très court. Heureux d 'avoir échappé aux terreurs de l'Apocalypse, beaucoup se lais– sèrent entraîner par le mauvais génie de l ' ambition, se ci·urent les maîtres du monde e t commencèrent à tyran– niser les faibles. Des châteaux fort s surgirent un peu partout , les nouveaux Se igneurs se mirent à jouer à la guerre et une foi s encore le sang se remit à couler sur l ' Europe. Notre Région n'échappa pas mieux que d'autres à l 'emprise de ces phénomènes de désagrégation. Elle fut le théâtre de sanglants combats p endant de longues années. Pour fair e cesser les querelles qui contribuaient fa– talement à l'appauvrissement du pays, les Valdôtains trouvèrent un formidable expédient. Ils cherchèrent un Seigneur assez puissant d ' une part pour imposer le si– lence aux autres Seigneurs, mais a ssez magnanime de l'autre pour laisser le peuple vivre en paix et en liberté . Grâce aux bons offices de l'évêque d'Aoste, Valbert, ce Seigneur fut trouvé dans la personne de Thoma s Ier , Comte de Maurienne et Marquis d ' lvrée. Le pacte qui couronna cette initiative prit précisément le nom de Charte des Franchises et accorda aux Valdôtains de nombreuses prérogatives fiscal es, administratives et po– litiques, ainsi que la protection du Comte . En contre– partie , les Valdôtains prononcèrent un serment de fidé– lité à la Maison de Savoie, s'engagèrent à défendre par leurs propres moyens les frontières régionales e t promirent de verser au Comte des impôts périodiques volontaires.
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=