BASA

76 A. CHENAL Cette page de l 'histoire valdôtaine est archiconnue. J'ai voulu néanmoins la citer car elle est un des piliers de nos revendication s autonomistes d'aujourd'hui. Ce n 'est donc qu 'à partir du XIIIe siècle que nos de· vanciers, protégés dan s leurs droits, libres chez eu x et jouissant d ' une paix véritable , purent s' occuper plus in· tensément de leurs intérê ts économiques. Ils eur ent leur Assemblée Générale qui , par l'entremise des trois or· dres, clergé , noblesse et peuple, réglait toutes les affai· res se rapportant à la politique et à l ' administration ; leur Hôtel des Monnaies , leur Palais de Justice ou Cour des Connaissances, leur recueil de lois ou Coutumier, leur petite armée. L 'empereur d 'Allemagne au début , les comtes de Savoie par la suite, ne se soucièrent pas trop des Val– dôtains et leur laissèrent une grande liberté d ' action. Si bien que Jean-Baptiste de Tillier pouvait parler de son pays au XVIIe siècle comme d ' un véritable petit état intramontain. Quatrième événement: Le facteur linguistique. - Dire que la langue française fut importée en Vallée d 'Aoste à travers les cols, par transhumance, est, à pro· prement parler, une véritable hérésie. Le franco-pro– vençal se développa chez nous, sur les débri s du latin, en suivant les mêmes mécanismes d 'évolution que l 'on note au-delà des Alpes. Les linguistes ont depuis long– temps démontré la validité et la solidité de cette thèse. Il me semble tout à fait inutile de répéter leurs argumen– tations. Il me suffira de rappeler à votre attention un fait concluant. A Pont-St-Martin , la limite linguistique est très nette. Au-delà, le français disparaît. Sauf pour des cas exceptionnels, il est donc tout à fait exact d ' affir– mer que la ligne de démarcation d'une langue ne se situe pas sur la crête des montagnes, mais aux défilés qui ferment le fond des vallées. Cette constatation a été faite par un de nos éminents col1ègues, M. le Prof. Aldo Dami de Genève, et lui a suggéré les plus passionnantes