BASA

78 A. CHENAL sante des gens de la plaine et du midi , les divisions in– ternes, de simplement survivre. Un autre peuple condamné à ce douloureux surme– nage aurait succombé ; le nôtre garde sa cohésion. Il sait braver avec succès les lois inexorables de l ' hi stoire qui travaillent en secret à sa démolition. Lutter en souffrant pour rester ce qu'il est, voilà la destinée du peuple valdôtain. Dès lors on en arrive presque à invoquer ce genre de souffrance collective comme une grâce particulière qui nous serait donnée pour assurer notre survivance. Si les saints ont désiré la souffrance parce qu'ils ont trouvé en elle un moyen de rédemption , on doit forcé– ment conclure que la cause valdôtaine est un puissant moyen d 'élévation morale du peuple , puisqu 'elle est su– blimée par cet état qu'on nomme souffrance, en vue d'un bien démocratique supéri eur qu'on nomme li– berté. * * * C'est à ce moment-là que l ' on peut parler de ven– table petite civilisation valdôtaine , le mot civilisation pouvant se définir , du point de vue dynamique, comme l'aboutissement de la lutte entre ce qui subsiste en nous des conceptions du passé et les idées morales et spiri– tuelles du présent ou , si vous le désirez , les aspirations nouvelles qui constituent vraiment notre personnalité humaine. Deux exemples suffisent à élucider ce point de vue. 1) Lorsque les Valdôtains affirment vouloir rester fidèles au passé tout en préparant l'avenir , ils opèrent la formidable synthèse entre tradition et pro– grès. A première vue, ces deux termes paraissent anti– thétiques et inconciliables. Ils sont faits au contraire pour se compléter l ' un et l' autre. On imagine mal, ou plutôt on n'imagine pas du tout, une civilisation qui se subordonnerait exclusivement à des développements mé-

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