BASA
Le 29 avril 1860 la Cour d'Appel de Chambéry pu– bliait les résultats du plébiscite par lequel les popula– tions de la Savoie avaient exprimé, une semaine plus tôt, leur volonté concernant la plus importante des clauses du traité signé à Turin le 23 mars précédent, entre lea Etats Sardes et la France: l'annexion du terri– toire savoyard à l'Empire de Napoléon III. On avait compté 130.839 oui, 235 non ! C'est certainement avec une profonde amertume que le roi Victor-Emmanuel II accueillit la nouvelle d'une si éclatante unanimité en faveur de la France, mais ni lui ni personne ne pouvait se faire d'illusions sur l'issue du recours à l'approbation populaire de la cession de la Savoie. Des causes politiques extraordinaires avaient fa– vorisé la mesure plébiscitaire du résultat, mais à qui se serait placé au zénith du Mont Blanc quelques années avant 1860, la région aurait déjà paru pencher for– tement vers la France et « vers ces Francais contre les– quels on a tant de fois combattu )) , comm~ le disaient les Savoyards. Affaiblis les trafics à travers les cols du Petit-Saint– Bernard, de la Seigne, du Mont, depuis septembre 1858 une locomotive traînait en avant et en arrière une file de wagons entre Aix-les -Bains et Lyon ; chez nous on discutait beaucoup sur l'utilité d'établir un chemin de fer d'Aoste à Ivrée. Les deux chemins de fer sont les « bagues de fiançailles >) échangées entre les deux soeurs et leurs futurs époux: les deux Etats modernes de France et d'Italie (celui-ci en train de naître). Les deux mariages ont été conclus depuis cent ans, mais la Sa– voie et la Vallée d'Aoste restent néanmoins deux soeurs 10 .
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