BASA

DEUX SOEURS SE SEPARENT 105 Le 24 mars le traité de Turin est enfin signé : la Savoie est uni e à la France, sous réserve de l ' adhésion d es populations. Le l.er avril le Roi çlélivre ses sujets savoyards de leur serment de fidélité . Nous ,en f,Ommes au dernier acte. Si l ' annexion de 1792 avait ét é voulue par le peuple en r évolte coutre la hiérarchie sociale , les artisans de l ' annexion de l 860 furent le:; notables. La rich e bourgeoisie et la noblesse étaient attirées par les fa stes de l ' Empire, mais le plé – biscite témoigna l'~nanimité des consentements. Tl eut lieu le 22 avril et les résultats furent publiés par la Cour d 'Appel de Chambéry le 29 , comme demain , il y a cent ans. 130.839 (( oui » contre 235 « non )), 600 abstentions, 71 bulletins nul s réclamant l ' annexion à la Suisse. Des 6.350 savoyards sous les armes en Italie vo– tèrent pour l 'ann exion ·6.033 , contre 282. Parmi les offi– ciers, qui avaient reçu la faculté d'opter , plus des deux tiers, pour des raisons de carrière , choisirent l'Italie . La scène se termine, sur un fond de drapeaux et de fanfares, par un Roi aux fi ères moustaches qui passe en revue_, très ému , la brigade qu'il va renvoyer de la terre de ses aïeux, devenue pour lui terre étrangère. Le 29 mai le Parlement piémontais et le 12 juin le Sénatus-Consulte de Paris ratifient le traité de Turin. La Vallée d 'Aoste voit le sommet des montagnes, les glaciers, les pâturages, les cols, que de tous temps elle a parta ~és avec sa soeur , la douce et forte Sa"·oie, venir se border d ' une t er rible lign e imaginaire: les con– fin s entre deu x grands Etats modernes, avec toutes les conséquences que cela peut signifier (et que cela a mal– h eureu sement déjà signifié). Rino Cossard.

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