BASA

110 M.·F. MOREAU Il s ont apparemment gagné ; la loi constitutionnelJe du 26 février 1948 a fait de la vallée d'Aoste une région autonome, administrée par un statut spécial. L ' article 38 de ce texte précise que « Dans la vallée d'Aoste, la lan– gue françai se a les mêmes droits que la langue ita– lienne )). Cependant, depui s lors, l 'élite valdôtaine se trouve dans une situation difficile. Elle a obtenu l'autonomie ; le françai s est la langue officielle en val d 'Aoste au même titre que l'italien ; et pourtant elle ri sque de se trouver isolée. En effet, si les gens cultivés, le clergé en particulier, continuent à parler françai s habituellement, s'il existe une littérature d'expression françai se en val d'Aoste, la masse de la population, poussée par la vie de tous les jours , utilise plus habituellement l ' italien et manque d'occasions de pratiquer Je français. Or, en dehors de raisons de traditions et de patriotis– me local, l't~lite valdôtaine pense que, en 1962, les grands tunnels routiers du Grand -Saint-Bernard et du Mont-Blanc seront mis en service ; qu'à partir de ce moment, les communications avec les pays de langue française , cantons romands de la Confédération par le Saint-Bernard, France et Genève par le Mont-Blanc , d·e– viendront habituelles. Pour bien profiter de cette con– joncture nouvelle, les Valdôtains devraient perfection– ner leurs connaissances en françai s. Dès à présent , un effort a été fait dans ce sens ; il a porté principalement sur l'enseignement du français à l'école. Mais ce n'est pas suffisant. Au XXe siècle , une Jangue, pour être réel– lement vivante, doit être supportée par les moyens mo– dernes de diffusion de la pensée ; il faut qu'en tournant le bouton de leur poste de radio ou en ouvrant leur ré– cepteur de télévision, ceux qui la parlent puissent l'en– tendre ; il faut qu'elle soit partie de leur vie de tous les jours. Cela est d'autant plus vrai pour les Valdôtains qu'ils sont plus curieux de la vie artistique et culturelle de langue française. Dans l'état actuel des choses, il est « impossible )) de capter, en val d'Aoste, les émissions télévisées des