BASA

APERÇU SUR LE DEBUT DE LA TYPOGRAPHIE 119 duit chez nous cet art presque quatre-vingts ans avant Ivrée , alors que l'introduction aurait eu lieu de préférence du côté de la plaine (on sait en effet que la Savoie fut en retard sur le Piémont quant au déve– loppement de l'imprimerie). * * * Quelles raisons auront retardé l'implantation de l ' imprimerie dans le Duché d'Aoste ? D ' abord, comme pour tout autre instrument du pro– grès, le défaut des voies de communications y aura eu sa part. Nous savons bien que la difficulté de l'accès en Vallée d' Aosta, tant du côté de la plaine que du côté des monts, fermait la porte à l 'expansion économique. Et dans une zone de maigres ressources , le marché du livre n ' aurait pu évidemment prospérer , ce qui n'aurait pas alléché les imprimeurs. Encore, le Conseil des Commis, toujours méfiant envers les innovations , n ' aurait-il pas entravé les tenta– tives de quelque typographe de bonne volonté , par une attitude , sinon contraire, du moins réfractaire ? Les initiatives n ' auraient pu que se heurter contre la réaction des copistes qui se voya ient, à cause du nou– veau système de reproduction, privés de leurs gains. La pression de cette catégorie, qui avait forcément de fré– L[Uents contacts avec les autorités et jouissait de crédit auprès d'elles, aura influencé les dirigeants du Pays à s'opposer à l ' art typographique. Cet art joua un grand rôle vis-à-vis des événements religieux du XVIe siècle. La propagande protestante s'en prévalut. Aussi peut-on supposer que les gouvernements en aient boycotté la diffusion. Et le misonéisme des habitants n ' aura-t-il pas eu son poids '? Pour souligner l'accueil que l'on réserva parfois à l ' imprimerie, à cet art qui, étant révolutionnaire , ne pouvait être considéré que comme diabolique par les âmes simples, nous pensons que l 'anecdocte suivante , encore qu ' assez fanta stique , est significative: