BASA

LE POETE ANSELME PERRET 129 pour entrer en matière. Mais il n 'en est rien: il ne s' agit pas en effet d'un facile lieu commun ou d ' une interjection commode, d ' un pléonasme. Non ! Ce mo– nosyllabe (qui , d ' une certaine manière , nous rappelle le <c Ei fu )) de Manz9ni dans l 'ode« Il cinque maggio )> , et le cc C'est lui >) de Hugo dans l 'ode à Napoléon - que l ' on me pardonne ce rapproch ement qui pourrait paraître irrespec tueux entre le !>resque inconnu An– selme Perret et ces deux grands bardes) ce monosyllabe dqnc représente la synthèse épique de toute une longue tradition que l ' on n ' a pas le droit de considérer seule– ment comme le fruit du chauvinisme de l'imagination populaire. La tradition populaire valdôtaine plonge en effet ses racines dans la réalité hi storique , traduite et chantée par la poésie en vertn de cette force impulsive qui habite l 'âme collective de chaque peuple. Du ciel descend « !'Ange du Génie )), et il cherche, parmi les vieux murs cc bâtis par le siècle lointain )) , la maison où l 'attend cc un enfant valdôtain )). Ces murs ont une histoire cc que notre oeil interroge en leur teinte brunie )) , et non point froide et rejetée hors du monde actuel, mais une histor e si vivante encore qu'elle inté– resse l'oeil et le coeur d es bons montagnards. Sur le vaste décor d ei> Alpes qui << r evêtaient leur manteau de carmin )) , dans la clarté de ce soir d 'été , se découpe un balcon gothique - ouvrage d ' une main ha– bile - el sur ce balcon un enfant dans les bra s de sa mère. La nature entière et l ' art de l ' homme semblent se concentrer sur cette mèr e « bénie )) , cc au long re– gard d ' amour )) - touche inoubliable - qui contem– pl_e tendrement son Anselme, et celui-ci, ignorant les larmes de sa mère qui coulent sur ses blonds cheveux, fixe au loin son regard dans l 'azur du ciel. L'enfant sem– ble déjà détaché du monde familial, tendu vers une autre vie et une autre famill e bien plus vaste. Mais ce n 'est pas encore c< l ' enfant prodige )) ; il est encore lié à la réalité de,;; choses , des choses les plus simples, de celles qui sont le plus su sceptibles de frapper les sen s et l'imagination d ' un enfant: il suit d'un oeil attentif

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