BASA
LE POETE ANSELME PERRET 133 qui se projette sur cette strophe qui aurait certaine– ment eu une tout autre valem· si elle avait été formulée de façon affirmative, sans aucune variation. On remar– quera à ce proP.oS la beauté et la noblesse que donne à la strophe suivante (la 4ème de l'ode) la forme affir– mative: Il n'en eut point souci, le colosse latin ; Car il rêve toujours aux légions lointaines, Aux fiers prétoriens, aux sanglantes arènes: Il ne tressaillira, sur le sol valdôtain, Qu'au vol des Aigles Romaines. . Le colosse est plongé tout entier dans << son >> passé: quoi qu'il advienne dans la Vallée, il n ' en a cure, tout occupé à guetter le retour des vieilles aigles romaines. Mais les aigles romaines ne reviendront plus, et, dans les ténèbres qui enveloppent les ruines du théâtre et de l'amphithéâtre, le vieux géant ne peut qu'engager un dialogue avec la Mort, qui depuis des siècles le sape lentement, lui portant sans répit les coups inexorables de son marteau destructeur: Oh ! je voudrais ouïr, le soir, quand tout s'endort, Ce que dit ce fantôme, en sa langue latine, A nos débris romains que son fronton domine ; Je voudrais bien savoir ce que lui dit la Mort, Lorsque son lent marteau le mine. Avec habileté le poète ébauche la courbe de l'inter– rogation indirecte, mais ne la parcourt pas entièrement ; et ce qu'il pré Cère taire devient aussi efficace que ce qu'il pourrait éventuellement exprimer, car une exces– sive précision ramène presque toujours à la chronique ou à l'histoire, éliminant tout jeu de l'imagination et donc toute poésie. Mais le temps et la mort ne menacent pas seuls « l'enfant du Latium )). Les Mânes des vieux Salasses conspirent à rendre plus dure son existence et à lui
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