BASA
134 L. A . COLLIARD montrer que toute gloire au cours des siècles s'efface , et toute puissance. Sous le déferlement des légions romaines, les Sala s– ses se retirèrent indomptables sur leurs montagnes, dans leurs inaccessibles demeures, trop jaloux de leur liberté pour jamais accepter les conditiom; de la « pax romana » qui pour eux aurait signifié le début d ' un dur servage un la mort. Des siècles se sont écoulés, mais ils n'ont point effacé le rnuvenir de ces intrépides rebell es qui sont restés à travers les générations le symbole d ' un h é – roïque attachement à la liberté . Voilà pourquoi ...sans doute, parfois, à l'h eure de minuit, Les mânes irrités de quelque vieux Salasse, Venant rôder autour de cette lourde masse, Ricanent, en voyant le Temps qui la détruit : Romain, où donc est ta cuirasse ?... Les Mânes des vieux Salasses peuvent enfin chanter victoire et rire du géant romain qui voudrait encore té– moigner à la face de l 'époque moderne du fa ste de la période d 'Auguste. Qu' il aille plutôt annoncer à Varron , aux Césars, que Je Forum à présent est enfoui et que l ' amphithéâtre n'est plus qu ' un sinistre souterrain qui suinte d ' une eau saumâtre, qu'un nid de lézards, qu ' un endroit abandonné où les gamins peuvent impunément siffler et polissonner : Va dire à tes guer.riers, à Varron, aux Césars, Que le Forum n'est plus et que l'Amphithéâtre N'est qu'un noir souter.rain où perle une eau saumâtre, Et que sur votre enceinte où glissent les lézards, Un écolier siffl e et folâtre. Cette belle 8trophe , formellement parfaite , est com– me la clé de voûte de toute l ' ode: avec une ironie inci– sive, qui se transforme en raill erie narquoise voire en sarca sme dans les deux derniers vers, elle montre que tout en ce monde doit périr: toute gloire est appelée à
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