BASA
C0'.'11.PTES-RENDUS DES SEANCES XVII -------·-------- Mais il est une raison bien plus sérieuse et autrement qrave, qui expli que notre infériorité vis-à -vi s de nos voisins. Un phi losophe profon d , Dominique Berti, qui s'était fait, à la Chambre , le défenseur de n otr e lang1le, l'a clit clans un dis – cours mémorable: "Arracher à un peuple sa langue maternelle, c·est lui ôter le moyen de manifesier sa pensée, clc: développer ;;o n génie local ; c'est voulofr tarir comp lèt ement, cl pour des siècles, la sour ce de sa vie int ellectuelle r·. Cette pensée, si profondément métaphysique et si lumi– neuse de vé rité , ne sera jamais comprise par l es médiocrités bu– reaucratique s, 'var les t êtes cre·uses, par tous ces niveleurs idiots qui se f ont un titre de gloire de piéti ner les droits histo– r iques de la Vallée d'Aoste, de démolir insensiblement la langue f r ançaise, laquelle a une corrélation si intime avec l' esprit et l e caractère du peuple valdôtain. Nous pourrions invoquer, à l'appu i de cette thèse, le té– moignage de Humbold, de Spencer, de Guizot, de Bonald, de Rosmini, de notre Chanoine Fr1ltaz, de tous ceux qui se sont occupés de l'intéressant problème de l'origine des idées. La langue d'un pe'Uple, comme les stratifications du sol, se forme uraduellement, à travers l es siècles, avec les débris des diffé– rent es civilisations, avec les invasions qui se sont superposées, avec l es moeurs, la législation, le·s divers régimes et les habi– tudes social es. La langue d'un peuple f ait partie de son essence mêm e ; elle se modifie l entement à travers les âges, et quand el le s'est fixée dans un milieu, elle devient un élément indispen– sable pour la manifestation claire et précise de ses idéals. Chercher à imposer une autre langue à un peuple c'est vouloir v iolenter l es lois de l a nature et les lois de la physio– lo gie. D epuis que la Pologne a été russifiée, cette noble· et intelli– gente nation a été frappé e de stérilité intel!ectuelle. Pas même une con quête et une domination de deu:r: ou trois siècles, ne pourrai e;·it arracher à la France sa langue et lui en imposer une nouvelle, sans arrêter immédiatement sa production litté– rai r e, sans f rapper de mort sa puissante manijestation intellec– tuelle. La mort de l'intelligence est la plus brutale des tyrannies que la raison po litique puisse infliger à une nation. Et que dire quand il n 'y a pas même la m oindre raison politique, quand on commet ce crime avec un prétexte aussi stupide, aussi ap latissant que celui de l'uniformité ? Ces digressions nous les avons faite·s pour signaler les prin– cipales causes cle notre inf ériorité intellectuelle vis -à-vis du ? .
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