BASA

146 L . A. COLLI ARD Et levan t vers le ciel ses yeux mouillés de p leurs Ta maman cherch era le haut vol de ton âme, En s'écria n t: « Mon fils, le glacier est infâme, Ma is la croix du bon Dieu domine ces h aut eurs )). C' est toul d ' abord l ' humble village opposé à cette superbe hauteur des cimes e t des glaces éternell es ; puis le baiser maternel si doux et si tendre, opposé au baiser de la mort si froid et si lugubre . C'es t en suite un sen– timent de pitié , le r egr et douloureu x de tout un pays, suggér é var ces deu x simples mots « nos coeurs )) , re– gret qui ira < bercer » la << cou ch e )) p erdue du guide valeureux (le rapproch ement des mots < bercer )) et < couche )) en suggérant l ' idée de berceau semble indi– quer que l ' homme, pour aussi grand qu ' il soit, r est e un éternel enfant). Le chant s' achève sur une note éplo– rée, par le cri déchirant d ' une mère qui cherche l ' âme de son fil s, l ' invoquant parmi ses sanglots, n ' interrom– pant ses appels que pour maudire e t condamner: << le glacier est infâme ! )). Mais bientôt à cette effusion suc– cède la résignation: siuon l ' apai sement, du moin s la r ésignation à la volonté de D ieu qui di sp en se avec une certaine prédilec tion douleurs et malheurs : « Mai s la croix du bon Dieu domine ces hauteurs )> . Au-dessu s d~ tout , de la nature la plus cruelle et maléfique, sem– ble dire le poète, au-de.5su s de toute douleur humaine, il y a toujours Dieu en qui s'apai "e toute souffrance . Le derni er alexandrin domin e la tragé die comme un phare dans un e nuit de t empê te et l 'esprit navigu e humble– ment ver s cette île providentie11e . A nos laboureurs ex patriés Avec cette od e l e poète passe sans difficulté de la poési e hi storique à la poésie social e, prouvant ainsi qu'il sait traiter l ' un el l ' autre genre avec une égale habileté . Et bi en que les élans de son coeur génér eux soient par . foi s fr einés par des pointes d ' un académisme maniér é, une sincèr e émotion unit entre elles les différentes par-