BASA
148 L. A . COLLIARD Notons au passage ce mot <l e « richesse )) qui pour– rait sembler ironique mais qui contient en fait une nuance de tendresse: pauvre sol ! il donnait tout ce qu ' il pouvait offrir ; même les humbles fl eurs des champs p euv ent apporter de la joie à qui sait les goûter ! Dans la strophe suivante est esqui ssé le tragique ta– bleau d ' un monde qui n ' a plus rien d ' humain, entière– ment dominé par la machine , ce monstre qui se repaît d'hommes dénués de tout pour les vomir ensuite en un long flot de déchet s humains : Or vous voilà bien loin de votre nid charmant, Perdus dans les cités, dans l'affreux grouillement , Dans l'immense rumeur de l'usine implacable, Où tout sue et se lasse, où tout grince et gémit Où le monstre-machine engloutit ou vomit Un long fiot humain lamentable. La description ne pouvait être plus tragique 111 plus sombre dans son réalisme saisissant , surtout ve– nant après le calme lumiueux de la strophe précédente. Ce contraste violent donne plus de relief à chacun de ces d eux mondes opposés, ennemis l ' un de l ' autre, et cependant nécessaires l ' un à l ' autre. L ' inspiration se tarit dans ]a quatrième strophe qui est comme un moment de repos. Déjà dans le « Ah ! )) initial on perçoit la fatigue. Ou peut-être plus que la lassitude, cette exclamation exprime une plainte qui est développée dans les ven; suivants avec quelque bon– heur, bien que s'insère au quatrième ver s une interro– gation rhétorique qui vient rogner les ailes à l'envol poétique: Ah ! quand on a vécu tout près des blancs glaciers, Quand on a vu bondir nos bouquetins altiers, Quand on aime le vent qui dans nos p ins bourdonne Sur ces grouillants trottoirs, peut -on n e pas gémir ? ... Et toi, mon beau pays, tu devrais en frémir ; Tu sais pourciuoi l'on t 'abandonne.
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