BASA

150 L. A . COLLIARD Il voudrait porter, là -bas, sous le ciel gris, Dans les sommeils troublés de l'étouffant Paris, Un coin de notre ciel, nos grands gladers d'ivoire, La cro.ix du vieux clocher, les lointa.ins carillons, Nos sapins où gazouille un essaim d'oisillons Et les bords riants de la Doir e. Ces images de la r éalité aux r ésonances sentimentales, acquièr ent une val eur particulièr e dans la strophe sui– vante, qui se développe en une série de questions an– goissantes, d ' appréhensions justifiées par de longs silen– CC<S, par des affirmations fondées sur des données de fait. Quand reviendra notre absent ? se demande-t-on dans la pauvre maison. Reviendra-t-il un jour, vers les seuls êtres qui l ' aiment: vraiment ? Et s'il aime encore son pays, comment peut-il en aimer un autre ? Malheureu– sement la r éponse à ces questions peut être bien amère , car là-bas, dans cet en fer qu 'est Paris on ne sait plus prier , et mille tentations cherchent à arracher le Christ du coeur du candide montagnard. Et sans principes r e – ligieux, semble affirmer le poète , tout est possible ; l ' im– piét é p eut conduire l ' homme jusqu ' à renier les choses et leB êtres aimés . Voici que l ' inquiète invocation du poète devient le cri et la prièr e de tous ceux qui sont plongés dans une fébrile attente : Gardez, mon Dieu, le coeur des nôtres. Ce dernier vers es t la conclusion logique d ' une strophe riche en incertitudes et en tourments que le poète traduit par une succession de sentiments toujours plus tristes et plus pénibles : Au foyer l'on dis ait: « Mais à quand son r etour ?... Vers ceux qui l'aiment tarit, reviendra-t-il un jour ? S'il aime son pays, p eut-il en aimer d'autres ? Puis l'on dit que là -bas on ne sait plus pr.ier, Qu'on arrache le Christ au coeur de l'ouvrier : Gardez, mon Dieu, le coeur des nôtres ».

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