BASA
LE POETE ANSELME PERRET 151 Et qui peut consoler tant de peines secrètes ? Ce n ' est pas l'attachement pour les ê tres absents , qui san s doute s'est affaibli. Seul Dieu Je peut qui n'est jamais insen– sible à la douleur et à l ' innocence de ceux qui avec con– fiance invoquent son aide. Ici le prêtre l'emporte sur le poète, ou mieux , complète le poète qui continue sa prière non plus à l ' adresse de Dieu mais vers ses frère s lointains que l ' impiété matérialiste des nouvelles doc– trines sociales tente de corrompre irrémédiablement: Oh ! que l'aride vent des impurs boulevards Ne sèche point vos ·Coeurs de braves montagnards Et quand vous .rentrerez dans la vieille chaumine, Rapportez-nous, amis, bien plutôt que de l'or, Vos coeurs purs et vos bras, ce précieux trésor Que peut, hélas ! ravir l'usine. Et VOICI la dernière strophe dont les deux premiers vers sont une âpre condamnation à laquelle succède , dans les vers suivants, un calme tableau d'un monde nouveau , et où l ' image des familles enfin réunies dans une joie Eereine es t un présage certain de lendemains meilleurs pour le malheureux peuple valdôtain: Ils c·esseront, un jour, de nous voler le pain Ceux qui vous ont chassés loin du sol valdôtain Et quand Us reverront sur la verte prairie Vos .robustes enfants r eprenant leur labeur, Vos amis, vos parents, chanteront tous en choeur Votre retour dans la patrie. La poésie, pleine de chaleur, est toute parcourue par un sentiment de compréhension humaine et chrétienne pour les mi sères d'autrui , ces misères qui divisent les familles, qui éloignent du sol natal les doux montagnards en quête non pas de gains faciles mais de pain quoti– dien. Ces pauvres frère s exilés sont d ' autant olus mal– heureux qu'ils sont plus seuls dans leur lutte. Même s'il ne l'indique pa s ouvertement , Perret laisse entrevoir les
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