BASA

LE POETE ANSELME PERRET 161 crue ; tantôt le torrent se réduit à un mince filet parmi les vertes rives ; tantôt il prend le ton discursif, comme une parabole du divin Maître. Ses poésies constituent comme les grains de ce cha– pelet avec lequel il a chanté ]a gloire de la Divinité, des créatures, de la nature, de ses sentiments secrets qui sont la voix même de l'âme universelle. Ainsi donc Anselme Perret fut poète. La poésie était pour lui un élément qui formait le lien entre sa vie de prêtre et d'érudit, · de citoyen et d'éducateur. Tl n'y avait pas nour lui de barrières entre Dieu et l'homme: il chaiita .sa Patrie et sa région par adhésion à un sentiment traditionnel, la nature comme le cadre nécessaire à cette tradition, et Dieu comme fin dernière de la mission humaine. Ses yeux toujour:;; tournés vers le ciel pour y trouver un clair témoignage de sa foi, rencontrèrent les cimes im– maculées de ses montagnes et revenant vers la terre où le soleil brise ses rayons, virent combien est éphémère la gloire humaine. La pitié et la douleur le touchèrent. Il chercha dans la poésie paix et réconfort, et sans doute Dieu dans sa bonté lui accorda-t-il ce calme et cette sérénité qui nous envahit lorsque nous abordons son oeuvre en toute simplicité, non pas pour l'analyser selon les schémas d'une alchimie érudite, mais pour nous abandonner au doux courant de sa poésie et nous lais– ser conduire vers d'inconnus rivages. Sans doute pensait-il porter plus haut son vol pour affronter de plus libres espaces, et ]a tentative métaphy– sique de s'élever à l'universel, dont il est quelque trace dans plusieurs des compositions que nous avons exami– nées, encouragea ses efforts, et c'est sans doute pour cette raison que l'abandon précoce de la recherche et de la préciosité érudite peut apparaître à un lecteur distrait comme un aspect négatif di sa création poétique. Mais cet abandon ne fut pas total: l'école réaffleurait malgré lui et parfois l'académisme freinait les élans d'une sen– sibilité désordonnée certes mais riche. qui le rappro– chait naturellement de la simplicité et donc de l'art.

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