BASA

NOTRE PATRIMOINE LINGUISTIQUE 39 crivant l ' u sage exclusif du français dans tous les actes judiciaires. Et encore convient-il de faire une distinction: le roi de France avait pris cette décision pour obliger tous ses sujets à apprendre la langue françai se, alor s que chez nous, l ' assemblée avait décidé d'adopter le fran– çais pour être comprise de tous. La décision de la congrégation des trois Etats fut consacrée , en 1561 , par Lettres Patentes d ' Emmanuel– Philibert. Tant que l ' Etat Savoya rd fut essenti ellement de lan– gue françai se on peut dire que le fran çai s et le patois fur en t le parler unique des Valdôtains. Il n 'en fut plus de même à partir du moment oit la monarchi e savoyarde installa à T-urin sa capitale et le siège principal de son administration. Au début , rien n e fut changé , mais p etit à petit la commodité amena l ' administration ducal e, puis royale à s'exprimer en italien , quoique le duch é d'Aoste con– tinuât à être considéré officiellement comme de langue françai se. Quand le duch é d 'Aoste fut , judiciairement, ratta– ché au ressort du Séna t de Turin , les hauts Magistrats devant qui les procès étaient évoqués en appel , par– laient habituellement en piémontais. Il devint plus fa– cile pour les hommes de loi de s' adr esser à eux dans leur langue. Après 1860, et le rattach ement de la Savoie à la France, le duché d'Aoste r es tait , avec les autres vallées alpines, les seuls pa ys de langue française du royaume d'Italie , de ce nouveau royaume dont le gouvernement avait pour préoccupation essentielle de r éaliser l ' unité . La langu e de l ' administration était l'italien et l ' on sup– portait mal dan s les milieux irrédenti stes d'entendre une province du royaume s'exprimer dans une autre langue que la langue nationale. -Et vous savez que des cam– pagnes furent faites pour rendr e l'usage de l ' italien obligatoire dans nos vallées ; des libelles furent écrits dans ce sens. De notre région on y r épondit et c'est alors