BASA
40 L. BREDY que le bon chanoine Bérard pouvait écrire, avec quelque passion: « Aoste qui a été pucelle pendant neuf siècles, qu ' on appelle barbares, a été brutalement violée par une nation civilisée ! >> . De bon côté, le docte ur Cerise intervenait et écrivait notamment la lettre que j ' ai citée tout à l ' heure . * * * Plus tard , une meilleure voirie, puis en 1886, la mise en service de la ligne de chemin de fer Ivrée -Ao ste provoquèrent une sor te de revirement dans l 'économie des échanges de notre Vallée. Alors qu 'a uparavant, ceux-ci,, favorisés par la communauté des langues et soutenus par de très vieilles habitud es, se fai saient es– sentiellement par ]es grands passages alpins: d ' une part, avec la Savoie et au-delà ]a région l yonnai se et la France entière, d 'au tre part, vers le Nord avec les cantons Suisses de langue française et au-delà avec les pays du Rhin et du Danube (nos ancêtres allaient vendre jus– qu'en Bavièr e leur laine et leur s tissus): à partir de ce moment un courant <l 'échanges s'é tablit par la voi e ferr ée et par la route avec le Piémont et les pays de la plaine du Pô. Ces contacts furent suivi s de la venue de touri stes originaires d ' Italie et d 'émigrants originaires des ré– gions pauvres du nouveau royaume, qui venaient cher– cher l ' hospitalité de nos vaJlées et qui s'y établirent. Les uns et les autres apportaient avec eux la langue italienne. L'Eglise elle-même, si attachée à ses traditions par– ticulières et si fidèl e à l 'esprit du terroir , fut entraînée dans une certaine mesure dans ce mouvement puisque ! ' Evêché d 'Aoste ju squ ' alors suffragant de l ' Archevê– ché de Savoie fut rattach é après 1860 à la Province ecclé– siastique de Turin. La Vallée d 'Aoste , qui restait attachée à ses coutu– mes et à son parler , devenait bilingue ... devenait bilin– gue, je n 'en suis pa s si sf1r ; l'italien gagnait du terrain.
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