BASA
GILLIAREY 51 locataires. Or, personne n'ignore que ceux-ci sont, en général, plus enclins à exploiter qu'à améliorer ou seulement à conserver en bonnes conditions les biens en location. Aussi Gilliarey est en décadence. La pluie perce les toits des habitations, les magasins de fontine s'effon– drent, les murs se crevassent, les pâturages ne sont plus ni arrosés ni fumés, ronces et broussailles croissent un peu partout: c'est à faire pitié. Des quatre propriétaires de la montagne et dépen– dances, l'un vit émigré en France depuis longtemps, l'autre est maître d'école, le troisième , employé dans un bureau de perception et le quatrième est officier dans l'armée. Or l'on sait que les ronds-de-cuir et les gens d'épée ne sentent plus l'aimant de la terre, de cette bonne et même terre qui a nourri leur enfance. En 1953 le géomètre Louis Vesan fut sur les lieux et divisa Vatzae, Clonge et la portion de Gilliarey en trois parties égales. Les lois nationales en faveur de la montagne et l'aide de la Région autonome auraient pourvu largement aux dépenses nécessaires pour les réparations et améliorations les plus urgentes. La divi– sion était faite mais le partage n'a pas encore été signé. Pour une vétille de confins, les intéressés ne se sont pas encore mis d'accord. Entre-temps Gilliarey con– tinue à se délabrer et à se dévaloriser jour par jour. Pour peu que cela continue, ce bel alpage, cultivé au– trefois comme un jardin, ne sera plus un jour qu'une vaste zone inculte , un vacolle, où iront brouter l'herbe sauvage des troupeaux de brebis ... Sunt lacrymae rerum ! Et dire que dès mon bas âge, au temps du collège et du Séminaire et plus tard, à mon retour par inter– valles de mes lointaines missions, l'appel du chalet de mes aïeux, comme la voix charmeuse d'une sirène, m'attirait irrésistiblement, à la belle saison, vers ses
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=