BASA
98 A. ZANOTTO On aimerait à voir notre Vallée primer sur tout et sur tous, comme si elle eût été, à travers tous les âges, la terre' de la vraie perfection; comme s'il pouvait y avoir la lumière sans l'ombre. Encore, on ne sait détacher l'histoire, qui est du temps passé, de la politique qui est du temps pré– sent. Au contraire , chaque événement historique devrait être jugé d'après la mentalité contemporaine, et non pas d'après celle qui court aujourd ' hui. François Mauriac a écrit justement: « J'ai r etenu du t emps de mon en– fance et de la jeunesse des propos qu'aujourd'hui uous jugerions horribles. Les bonnes gens qui les t enaient n 'y entendaient pa s malice : ils n 'étaient ni meilleurs que nous, ni pires . Je crois que le premier devoir de l' his– torien est de ne pas attribuer à ce qui fut dit ou écrit il y a cent ou mênie cinquante ans , la résonance que cela aurait de nos jours >>. Ne parlons pas de certaines pièces d'hi stoire poéti– que que quelqu ' un s' obstine encore à débiter chez nous, dont Benedetto Croce a très bien décrit la symptoma– tologie en la rengeant parmi celles qu'il intitule << pseudostorie >>". L'histoire poétique , dont ceux qui la cultivent chez nous se rattachent à Ferdinand Fenoil (qui ne prétendit jamais d'être considéré historien!)", est . le fruit d 'çsprits aux jugements instables, qui se laissent emporter par leur facilité à écrire. qui épanchent leur ti– midité dans des phrases ronflantes , à effet. Pour eux, erzülen, narrer , est devenu le synonyme d'inventer; par conséquent, ils dédaignent l' euristica : ils la considèrent, dans leur faus se lOgique, parfaitement inutile. (5) B. CROCE, T eoria e storia della storioarafia, VII ediz., Bari 1954, p. 19 et sqq. . (6) ·L 'oeuvre de F enoi1 est cependé\nt très 8.ppr éciable . du point dl1 •Y;tle,. ·littérafre.. Nos· compatriotes . qui cultivent l'histoir;e poétique. .,ne suivent-ils pas des fois sa méthode historique par engouement pour son talent de littérateur ?
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