BASA

148 P. FOURNIER Ceux qui connaissent la préface du Porfil diagraphique de la cité d 'Aouste de Jean-Claude Mochet, dédiée au duc Charles·Fmmanuel 11, peuvent tout de suite saisir l'inspira– tion identique de ces deux documents, répercutant le goût bizarre du siècle. Fort caractéristiques, à cet égard, sont les éloges de Richelieu et du prince Thomas, exprimés par Viot en des termes paradoxaux: « Le Serenissime Cardinal et Protecteur de France est-il pas l'image vivante de toutes les perfections d'un Prince de l'Eglise et temporel ? Un chef digne de por– ter le règne et estre le Souverain de l'Univers ? Le Prince de Carignan qu'est-il autre qu'un foudre de guerre, un mi– racle de courage, un Achille immortel ? >> . Dans les premières pages du .Miroir (8·14), Viot nous pré– sente une cc théorie de la noblesse >> d'un intérêt saisissant. A vrai dire, elle est commune à d'autres auteurs italiens et français du XVIIe et du XVIIIe siècle. Le bon prévôt développe son étrange argumentation après avoir constaté l'origine aristocratique de saint Bernard. Selon lui, la vertu d'un saint est en stricte corrélation avec son origine noble. « Ce fust le commencement de son bonheur [de saint Bernard] d'avoir une telle naissance: car venant de Pere et Mere si nobles en leur vertu et si vertueux en leur noblesse, la piété luy fut comme naturelle... Il est aussi vray que tous les esprits sont originaires du ci_el et souf– flez également dans le corps par création, néanmoins quand la Noblesse est la mere-source de la vertu, on viêt à estre comme greffée d'icelle, toutes deux enrichissent, donnent plus de credit et sont plus recommandables... Voyons nous que les plus nobles d'extraction ont esté bien souvent les in– comparables en sainteté, leur qualité les obligeant à s'avan– cer d'autât plus aupres de Dieu qu'ils l'estaiêt aupres de leur Prince. Sursoyons à tous autres exemples où nous avons celuy de Dieu, qui voulust que son fils fust le plus noble de tous les nobles quant à sa naissance temporelle, comme il estoit égal et consubstantiel à luy en la generation eternelle... Bref la noblesse tres-illustre de nostre Heros Chrestien, ren-