BASA
154 P. FOURNIER munauté de langue qui décidait du choix de nos ba– cheliers. Mais Viot avait de sérieux bons motifs pour préférer l'Université de Turin. En 1596, son oncle Léonard suc– cédait au baron de La Crête' à la charge de premier secrétaire d'Etat. Il jouissait de la confiance du duc, de son entourage et des sujets qui pressentaient en lui un ministre de taille à rétablir l'ordre dans l'administration de l'Etat, désorganisée par vingt ans de guerres aven– tureuses et presque sur le bord de l'abîme. Qu'on ajoute à ce motif, en soi-même suffisant, la nomination, en 1595, au siège épiscopal d'Aoste, de Mgr Barthélemy Ferreri, né à Mondovi, d'une des plus nobles familles de patriotes piémontais, professeur de logique à l'Université de Turin où il se gradua en mé– decine, passionné promoteur de toutes les initiatives cul– turelles dans le Duché. On ne saurait ignorer, non plus, le brillant éclat que Charles-Emmanuel Ier, engoué pour les lettres, les sciences et les arts autant que pour la guerre~ la poli– tique et la diplomatie, donna à la cour et à la capitale piémontaises au début du XVIIe siècle. Il voua les mo– ments de loisir que lui laissaient les aventures guerrières , au culte des lettres et des arts. Ce puissant élan artistique et littéraire - espèce de Renaissance retardée - marque une profonde évolution dans la politique des Blanches– Mains. Si, pendant les vingt premières années de son gou– vernement, le jeune Duc, épris de gloire militaire, d' a– ventures et avide de conquêtes, négligea l'élément « cul– ture )) et laissa déchoir l'Université de la splendeur à laquelle l'avait élevée son père, l'effort pour la reporter en bon rang, parmi les congénères de province, fut hardi et complet. (7) F .-G. FRU TAZ, Notice biographique sur le baron J.-F. La Crête , Aoste 1887. J . BROCHEREL, le patois et la langue française en Vallée d'Aoste, Neuchâtel 1952, p. 13!1.
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